De la médiation culturelle jusque dans nos poches

Tables interactives, tablettes portatives et autres écrans se font de plus en plus présents dans les musées et autres espaces d'exposition. À la fois supports à la diffusion d'œuvres multimédia et nouveaux outils de médiation, ces dispositifs changent notre rapport à la culture en la faisant voir sous un jour toujours plus ludique et moderne. Et c'est désormais directement sur nos smartphones qu'on peut la retrouver !

Beaucoup d'entre nous possèdent un téléphone connecté qu'ils ne quittent presque jamais. En plus de nous accompagner dans nos moindres déplacements, ces objets accaparent aussi une grande partie de notre attention : dès lors, pourquoi ne pas en profiter pour leur donner une dimension culturelle ? C'est la voie que plusieurs structures et concepteurs d'applications mobiles ont choisi d'expérimenter. Ainsi, Ask Mona, un chatbot — une intelligence artificielle qui discute avec le public sur internet — dédié aux sorties culturelles parisiennes et franciliennes, a sauté le pas au début de l'année. Gratuit et simple d'utilisation, puisqu'il suffit de demander à Mona ses recommandations en matière de balades et évènements du moment, le service délivre ses conseils personnalisés via Messenger, sur Facebook. Pratique pour les virées spontanées quand on n'a pas eu le temps de se renseigner sur l'agenda culturel.

Captures d'écran d'une conversation avec le chatbot Ask Mona.

Les réseaux sociaux, dont certains musées se servaient déjà pour leur communication, viennent de plus en plus compéter la médiation "entre les murs". Le Los Angeles County Museum of Art a d'ailleurs été récompensé pour son compte Snapchat alimenté avec humour à partir des collections du musée. Et justement, depuis le début du mois, Snapchat a lancé Snapchat Art : en collaboration avec des artistes (en ce moment, Jeff Koons), l'application insère des œuvres d'art virtuelles dans de grandes villes autour du monde, que les utilisateurs peuvent voir en réalité augmentée et intégrer à des photos. Il est aussi possible de participer en tant qu'artiste à cette galerie internationale et invisible en soumettant ses créations à Snapchat.

Selon le principe de l'application Shazam, Magnus permet depuis un an à ses utilisateurs d'identifier une œuvre prise en photo par smartphone. Plus jeune, Smartify, autre application disponible gratuitement sur Android et IOS, reconnaît elle aussi les œuvres de grands musées internationaux et raconte leur histoire à l'aide de commentaires simples et courts.



Présentation de l'application mobile CulturMoov. © CulturMoov

Dans un autre registre, l'application de CulturMoov, dont la version bêta-test sera disponible dès le 30 octobre, s'intéresse aux patrimoines inconnus, peu voire pas accessibles au public. Qu'il s'agisse de patrimoine matériel, immatériel ou naturel, l'application propose de s'en approcher au plus près, à l'aide de vidéos, de récits, de quiz et de représentations d'objets en 3D. Proche du fonctionnement des réseaux sociaux, l'application donne aussi la possibilité de créer son propre musée virtuel, à partager. Elle sera disponible sur smartphone et depuis le web, et pourra être utilisée n'importe où, y compris chez soi.


Captures d'écran de l'application mobile Culturo'Game. © Culturo'Game

Culturo'Game a quant-à-elle pour objectif d'encourager ses utilisateurs à visiter les sites culturels. En proposant de nouveaux jeux chaque mois, dont des quiz thématiques, des découvertes de quartiers et des chasses à l'art disparu sur le modèle de PokémonGo, la plateforme s'adresse à tous, en particulier ceux qui se déplacent beaucoup à pied et/ou soumis à de longues attentes dans les transports en commun. Diffusée via une application smartphone, les réseaux sociaux ou encore des panneaux urbains interactifs, Culturo'Game poursuit son développement et augmente le nombre de ses partenariats avec des structures et évènements culturels pour dépasser les frontières de l'Ile-de-France.

Cette alliance de la médiation culturelle et du numérique est un phénomène encore en plein développement. En faisant de la culture un objet de proximité et d'intérêt quotidien et en utilisant des outils que la majorité du public sait manipuler, elle permet d'attirer l'attention et la participation de personnes qui ont une vision vieillotte ou élitiste de la culture, qui n'ont pas le temps de suivre l'actualité culturelle, qui s'en sentent exclues ou qui simplement n'en étaient pas curieuses. La portée de ces initiatives est grande (elles ne visent pas seulement les jeunes), même s'il ne faut pas oublier que tout le monde n'a pas de smartphone, ni même de connexion internet.

Il reste à espérer qu'elle ne se limite pas aux seules grosses structures parisiennes et que la couverture du réseau mobile, loin d'être parfaite, s'améliore au niveau national...

Et vous, que pensez-vous de cette médiation connectée ?


Culture et numérique, c'est une histoire qui marche ! Nouveaux supports de la médiation culturelle, les smartphones complètent et s'ajoutent aux dispositifs mis en place dans les espaces institutionnels.

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