Le quatre mains créatif de la Fabrique toi-même

Christelle Loubiat et Émilie Blabla ont créé La Fabrique toi-même en octobre 2016. Basées en territoire Agenais, elles imaginent et animent toutes sortes d'ateliers manuels, parcours et mallettes d'activités, et réalisent avec beaucoup de soin des dispositifs scénographiques, muséographiques, du mobilier et même de la signalétique : leur champ d'intervention, toujours placé sous le signe de l'interactivité, est sans limite ! Leur collaboration inspirée compte déjà une bougie : dans un récit à deux voix, Christelle et Émilie reviennent sur les premiers mois de leur aventure.


À gauche, Christelle, à droite, Émilie © La Fabrique toi-même

Christelle : La Fabrique toi-même est une association : Émilie et moi nous connaissons depuis le lycée, et ça faisait un moment qu'on travaillait ensemble, dans différents cadres. Dans notre réseau, on a constaté qu'il y avait une certaine recherche de fournisseurs de médiation culturelle. J'étais au chômage, Émilie, qui est graphiste, avait envie de changer d'air, alors on s'est dit : "Pourquoi ne pas nous associer ?"


Émilie : Je suis graphiste indépendante depuis 13 ans. Christelle travaille pour les éditions Fragile*, j'y ai travaillé aussi, et c'est à ce moment-là que nous avons commencé à élaborer des choses ensemble. Être à son compte, ce n'est pas toujours évident. À deux, c'est bien plus agréable.

Christelle : Dans la région, il y a bien des associations qui se rapprochent de la nôtre, comme Au fil du temps, qui a créé un bureau d'études dédié à l'aménagement de sites naturels, ou CEDP 47, plus axé paysage et géographie. Mais pour ce qui concerne les arts plastiques et la médiation autour de l'art, il n'existait rien à notre connaissance. Dès le début de l'association, on a eu envie d'expériences interactives, qui impliquent de faire, créer avec nos doigts. En réalité, on n'est pas arrêtées sur un thème en particulier : pour le moment on explore plutôt la culture artistique, mais on pourrait très bien travailler sur la culture scientifique. Ce qui est au centre de notre action, c'est le besoin de manipuler, de fabriquer.


Faire de la ville son canvas géant...

...et voilà le résultat ! © La Fabrique toi-même

Nous avons beaucoup réfléchi sur le statut à donner à la Fabrique toi-même. L'association, plutôt que l'entreprenariat, était pour nous un bon moyen pour valider la faisabilité du projet. Cela nous permet aussi d'acheter notre matériel ensemble et de fonctionner chacune comme prestataire pour l'association. Pour l'instant, nous lui consacrons une journée par semaine. C'est pour nous une activité complémentaire.

Émilie : Après un an, le bilan est assez positif. On a pu vérifier qu'il y avait des attentes, en particulier concernant la réalisation d'outils de médiation pour de petits espaces qui n'ont pas un gros budget.

Christelle : On a eu des sollicitations très variées grâce au réseau que nous nous sommes constituées dans le cadre de nos activités antérieures. La demande est là et les partenaires nous contactent facilement, ce qui fait que nous n'avons pas encore eu tellement besoin de réfléchir à une réelle campagne de communication. C'est une bonne surprise pour nous de voir comment la Fabrique toi-même est reçue, car au début on ne savait pas si ça serait viable, mais de là à en faire une activité à plein temps... Le territoire dans lequel on est situé est très rural. Est-ce qu'on a envie de conquérir la France, le monde ? Je ne sais pas ! [Rires]

Émilie : Notre communication passe essentiellement par la valorisation de nos réalisations. Notre site internet commence à avoir pas mal de contenu, et il est possible que l'on réalise une plaquette de présentation. On compte aussi sur le bouche-à-oreille.

Christelle : Il arrive que nos partenaires possèdent déjà leur propre service de médiation. Dans ce cas, on collabore avec eux. Il s'agit souvent de médiatrices un peu isolées, qui ont besoin de se confronter à d'autres personnes pour faire évoluer leurs projets et les renouveler, ou qui n'ont pas toujours le temps de concevoir un outil, une animation de A à Z. De notre côté, on n'a pas vraiment d'"équipe" : on travaille essentiellement toutes les deux.

Émilie : On n'a pas encore eu besoin de piocher dans notre réseau pour nous agrandir, mais parfois, selon le projet dont il est question, on fait appel à des intervenants extérieurs à l'association.



Le coin du petit chasseur-cueilleur, au musée de la Préhistoire de Sauveterre © La Fabrique toi-même


Avec des fruits à cueillir, un buisson pour se cacher, des champignons colorés... © La Fabrique toi-même



Des animaux-magnets à chasser, un feu pour se réchauffer et cuisiner et des couverts en bois flottés !
© La Fabrique toi-même

Christelle : On collabore avec des musées, des structures culturelles, des bibliothèques, mais aussi des associations, des écoles, des collèges, des lycées. Notre dernière réalisation, dont on est particulièrement fières, c'est notre dînette préhistorique pour le musée de Préhistoire de Sauveterre. On a hâte de la voir fonctionner, car pour le moment le musée est fermé pour l'hiver et ne rouvre qu'en avril. Au départ, le musée nous avait simplement fait la demande d'un espace pour les tout petits, mais finalement c'est devenu tout un parcours qui met en valeur le musée et son contenu. Pour la médiathèque départementale du Lot-et-Garonne, la médiatrice culturelle est régulièrement à la recherche d'artistes pour créer des décors ou des outils. Elle nous a contacté dans le cadre d'un projet de bibliothèque itinérante, pour créer une cabane de lecture qui puisse être démontée, déplacée puis remontée facilement. On avait donc un certain nombre de contraintes techniques. Et puis, avec ce projet, on n'était plus seulement dans le domaine de la médiation culturelle, mais aussi dans ceux du design et de la scénographie. Il a fallu concevoir la cabane, découper, coller, coudre, et nous avons reçu l'aide d'une ferronnière d'art qui a construit la structure.


Une cabane de lecture cousue à la main, avec pouf moelleux, ampoule en papier mâché
et pochettes pour mettre de côté ses livres préférés. © La Fabrique toi-même 

Émilie : Par le biais de la convention éducative départementale du Lot-et-Garonne, on va faire une résidence d'une semaine pour un projet qui va mobiliser toute une école. Il sera à la fois question d'arts plastiques, d'histoire de l'art, d'art contemporain et de Pixel Art, dans des ateliers qui aboutiront à la création d'un tissage pixel sur les grilles de l'école Bara et du collège Chaumié à Agen. C'est un travail que nous menons en collaboration avec l'Académie, la professeur d'arts plastiques et le Conseil départemental.

Christelle : Le fait que l'on soit ensemble pour ces projets apporte vraiment une plus-value, puisque chacune de nous deux a des compétences qui lui sont propres : la plupart du temps, Emilie va être la directrice artistique, avec une vision plus particulièrement centrée sur l'esthétique de nos réalisations, quand je me charge plutôt d'en faire des outils de médiation.

Émilie : Pour l'instant, nos réalisations sont plutôt orientées vers un public scolaire et familial.

Christelle : Nous n'avons pas eu l'occasion d'explorer d'autres voies, mais je pense que nous pourrions tout à fait collaborer avec des maisons de retraite, ou autour des salles de spectacles.

Émilie : On s'intéresse aussi à la création de signalétique, et dans ce cas, notre travail s'adresse à tous les publics.

Christelle : Parmi nos prochains projets, outre notre résidence "pixellisation" à Agen, la médiathèque départementale nous a commandé un paravent pour un espace dédié au bien-être et au développement corporel, et qui puisse être déplacé de bibliothèque en bibliothèque. À Sauveterre, des animations sont prévues autour de notre parcours de médiation, et le musée nous a demandé d'imaginer et de réaliser des "accessoires de mode" pour que les enfants aient la possibilité de se déguiser sur le thème de la Préhistoire. Nous sommes en pleine réflexion sur ce projet.

Émilie : Aussi, pour le Zebraco, une manifestation créative tous publics organisée à Puymirol, nous allons certainement proposer des vidéos qui suivent le thème de cette année : les monstres. L'idée, c'est de maquiller les mentons de nos modèles et de cadrer l'image de façon à ce que des monstres apparaissent à l'écran. On en est encore au stade de la conception.


Comment soutenir l'association ?
Christelle : Sur le site, on a créé une page Hello Asso, qui permet d'adhérer ou de faire un don. Mais en termes de soutien, le plus concret, c'est de nous appeler pour des prestations !


* Annonce service civique !
Les éditions Fragile, maison d'édition depuis 1994 spécialisée en histoire et en histoire de l'art et dont Christelle est salariée, propose un service civique en médiation culturelle ! Toutes les informations sont disponibles ici.


« L’homme adroit a de l’esprit au bout des doigts », tel pourrait être le credo de Christelle Loubriat et Emilieblabla qui ont fondé il y a un peu plus d’un an La Fabrique Toi-Même, une association qui expérimente la médiation sous toutes les formes !

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