4 astuces pour des animations culturelles plus écologiques

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À l'heure où le réchauffement climatique s'impose dans l'actualité et où les différents secteurs de l'activité humaine sont mis en cause, il apparaît que la culture, si elle n'est certainement pas le plus mauvais élève en la matière, a de nombreux progrès à faire.

© Bernard Hermant pour Unsplash

Les festivals, salles de concerts, lieux d'exposition s'interrogent sur leur responsabilité écologique, et à juste titre : transports, éclairage, besoins thermiques, déchets divers liés aux emballages, à la scénographie ou à l'accueil de visiteurs ainsi que partenariats à l'éthique douteuse sont au coeur des réflexions qui émergent depuis quelques mois.

Les pratiques de médiation culturelle peuvent aussi être questionnées, en particulier lorsqu'elles aboutissent à des créations matérielles. Il est toujours plaisant pour les participants d'une animation de repartir avec un souvenir témoignant du temps passé ensemble et de ce qu'ils ont pu y apprendre. Mais passé l'enthousiasme des premières heures, quel avenir pour l'objet ? Pas sûr qu'il survive au temps, aux goûts changeants et aux déménagements...

Alors pour ne pas alimenter la machine infernale, si on faisait de l'animation culturelle une activité proche du zéro déchet ? Voici 4 points essentiels pour mener des ateliers sains et respectueux de la nature.

RÉDUIRE LA CONSOMMATION

Internet regorge d'inspirations et de do-it-yourself, mais ils font parfois l'impasse sur le souci écologique, et peuvent même être source de nouvelle pollution. Votre animation nécessite pailles, canettes, bouteilles, paillettes et cuillères en plastique ? Les ravages causés par ce genre de matériel sont connus, de la production à la commercialisation, l'usage unique, la mise au rebut ou au tout venant et la dégradation tardive et compliquée. Et comme ce n'est jamais vendu à l'unité, on se retrouve trop vite avec une centaine de pailles dont on n'aura jamais l'utilité. Dans ces conditions, l'achat d'éléments neufs est difficile à justifier.

Faites le point sur ce que vous possédez déjà, récupérez ce dont vous avez besoin auprès de votre entourage. Et surtout, adaptez ! En cherchant des matériaux plus respectueux de l'environnement, vos réalisations gagneront en qualités esthétiques, sans être pour autant plus coûteuses. Il vous faudra peut-être prévoir chez vous un bac dédié à vos animations à venir, où vous pourrez entreposer tout matériel susceptible d'être réemployé. En actualisant régulièrement la liste de ce dont vous disposez, vous pourriez même avoir de nouvelles idées...

Si votre animation implique l'utilisation et le mélange de peinture, vous avez certainement songé aux traditionnelles assiettes en plastique ou en carton en guise de palettes. À peine imbibées de couleurs, on s'en débarrasse... Préférez plutôt la vraie vaisselle, en optant pour des coupelles et des ramequins vendus 3 sous dans les magasins Emmaüs ou les recycleries, et en récupérant les petits pots en verre de yaourts et de crèmes desserts. Si la casse vous fait peur, vous pouvez investir dans de la vaisselle en mélamine (pas top) ou, bien mieux, des contenants en bambou, qui ont l'avantage d'être résistants et très légers. Une autre solution toute simple ? Utilisez du journal ou des morceaux d'emballages en carton !

FAIRE AVEC L'EXISTANT

Le carton, justement, peut servir de base à toutes sortes de créations. Mouillé, tordu, dédoublé, on peut en faire (presque) tout ce qu'on veut ! Pour en trouver, vous avez des alliées : les poubelles de grandes surfaces mises à votre disposition. Profitez aussi de celles des zones commerciales ou des dépôts hebdomadaires de paquets, boîtes et cintres par les petits commerçants (renseignez-vous auprès de votre mairie pour connaître les jours et horaires de ramassage). Tous les cartons ne sont pas unis, alors faites-vous plaisir et jouez avec les couleurs, imprimés et motifs.

D'autres types d'emballages peuvent également être inclus à votre réalisation (avec un pot de yaourt on peut faire plein de choses, dixit ce jeune garçon à la 15ème minute de ce reportage sur le zéro déchet), mais rappelez-vous que certains peuvent être des freins à la dégradabilité de votre objet et qu'il ne pourra peut-être pas être recyclé.

Quoi de mieux que de puiser ses matières premières directement dans la nature ? Plusieurs conditions cependant : tout d'abord, laissez sable, galets, coquillages et bois flotté là où vous les avez trouvés. La plupart des arrêtés municipaux du bord de mer interdisent leur prélèvement, et ce n'est pas pour rien : ces éléments naturels jouent un rôle fondamental dans la bonne santé des littoraux et la préservation de la biodiversité et certains, comme les galets, ne sont pas renouvelables !

Pendant vos balades et randonnées, regardez bien par terre : vous y trouverez morceaux de bois, cailloux, glands et faînes, feuilles de toutes les tailles et de toutes les couleurs. La clé, ici, est de faire les choses avec respect. On n'arrache pas, on ramasse, et de façon raisonnée : non, vous n'avez pas besoin d'emporter la moitié de la forêt. Aussi, faites bien attention à identifier les végétaux avant de les toucher et de les utiliser pour votre animation. En cas de doute, ne prenez pas de risque, car certains sont toxiques.


CRÉER DES OUTILS DURABLES

Certaines animations supposent de concevoir des cartes ou des fiches qui seront utilisées plusieurs fois. Créez des supports qui sauront survivre au temps et aux manipulations des participants.
Ne cédez pas à l'appel de la plastifieuse ! Textes et visuels pourront être collés ou imprimés directement sur un carton épais.

Laissez votre créativité s'exprimer en réalisant des outils pédagogiques dans des tissus de récupération, ou avec de la feutrine : si rien ne garantit les qualités éthiques ou écologiques de celle vendue en magasins de loisirs créatifs, le matériau présente quand même l'avantage de durer plus longtemps que le papier ou le carton et d'être facile à travailler, tout en étant attractif pour le jeune public. Et s'ils doivent, un jour, rejoindre la pile des déchets, vos outils en feutrine demeureront bien plus biodégradables que n'importe quel plastique.

METTRE LA MAIN À LA PÂTE

Préparer ses propres produits et matières premières permet de savoir ce qu'il y a dedans. La colle est un outil indispensable : épargnez-vous les solvants chimiques et préférez-leur la farine ! Lancez-vous dans cette recette ancienne les yeux fermés, facile à réaliser et à conserver (encore plus longtemps si on y ajoute du sel). Idéale pour coller le papier, elle est toute indiquée pour la méthode du papier mâché en bandes (testée et approuvée).
Vous êtes plutôt modelage ? L'argile est agréable à travailler, mais vous pouvez aussi réaliser votre propre pâte qui pourra être réutilisée ou cuite, selon l'application que vous lui destinez. Amusez-vous avec aussi la terre papier et la porcelaine froide, faites du sable magique et même de la peinture... gonflante !

POUR FINIR

D'une façon générale, s'interroger sur la provenance, le mode de production et les capacités de dégradation des matériaux et des produits utilisés pour une animation est un principe efficace pour éviter les achats superflus et problématiques pour la santé et/ou l'environnement.

Inspirez-vous de Léonard de Vinci, pour qui "la simplicité est la sophistication ultime" : adaptez vos idées en optant pour des matériaux simples, qui sont déjà chez vous ou qui peuvent être facilement trouvés et se dégrader sans porter atteinte à qui ou quoi que ce soit. Cela vous permettra de faire travailler votre imagination et celle des participants à votre atelier sans créer davantage de déchets qui pourraient nous survivre longtemps.

Prenez le temps de préparer votre base matérielle : ce travail de recherche et de collecte peut être très agréable et vous permettra d'ajuster au mieux les détails de votre animation. Avec cette organisation, vous vous épargnerez le stress d'une virée de dernière minute au supermarché, et cela se ressentira le jour J.

Et vous, quelles sont vos trucs pour des animations culturelles écologiques ?



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